Bienvenue chez les fous
Sera-t-il parmi nous en 2009? Je n’en sais rien.
Le jeu des titres traîne de la patte mais qu’à cela ne tienne, je suis fidèle au poste. Voici donc mon texte sur le titre suggéré par Mica.
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On devait bien compter 5 heures de marche pour parcourir le sentier qui menait aux gîtes et pour apercevoir enfin un premier panneau sur lequel on pouvait lire: Bienvenue chez les fous.
L’été, on y allait à pied ou à cheval, l’hiver, il fallait chausser des raquettes.
Au détour du chemin, on devinait, cachés derrière les grands sapins, des chalets de bois rond, et quelques pavillons d’allure plus moderne.
À quelques cent mètres passés le premier écriteau, on choisissait, selon son humeur, le sentier qui nous mènerait à destination.
À vrai dire, il fallait être un peu fou pour entreprendre une telle expédition.
À 45º NE se cachait le chalet Fou de rage. L’aménagement intérieur permettait le défoulement le plus complet. On y trouvait un jeu de fléchettes avec choix de cibles personnalisées, des « punching bag », une console d’enregistrement où on pouvait débiter toutes les insanités qui polluent l’esprit sans crainte de représailles.
À 220º SSO se trouvait le pavillon Savant fou. Il était réservé à ceux et celles qui de par leurs grandes connaissances, ou leur esprit inventif, ou leur marginalité assumée se sentent toujours incompris de la société. Les excentriques, les génies de tout acabit pouvaient à leur guise travailler sur des recherches, refaire le monde et publier leurs découvertes sur les murs et les plafonds du pavillon.
Située franc nord, derrière une rangée de pins noirs une maisonnette affichait l’écriteau Fou comme un balai. Elle accueillait les fous braques qui avaient besoin d’extérioriser leur bonheur, leur surprise, leurs élucubrations. Les murs étaient capitonnés de tissus molletonnés, une panoplie d’instruments de musiques, des pinceaux et de la gouache, attendaient les joyeux cinglés.
Et les gîtes se multipliaient ainsi aux rythmes des folies, pour recevoir les fous de joie, les fous à lier, les fous du sport, les amoureux fous, enfin tous ceux qui étaient assez fous pour s’y rendre.
C’était là qu’on pouvait, en toute liberté, faire un fou de soi.
En cette fin d’année 2008, digne de toutes les folies, vous ai-je dit, lecteurs fidèles, chers commentateurs assidus, à quel point je suis folle de vous?
Du haut de la montagne,
Tiraillée entre la ville et la campagne,
avec un grand fou rire,
laissez-moi vous dire :