La vertu me tue
Allons droit au but, depuis quelques temps, j’ai en horreur les chercheurs.
Non que je sois réfractaire à l’avancement de la science, loin de là, mais la prolifération des gratteux-de-papier-obsessifs-compulsifs qui sèment la peur et se couvrent de vertu m’horripile. Et je ne vous parle pas de toutes ces subventions qu’on leur verse, trop souvent en pure perte.
Tiens, je vous le donne en mille, vous ne devinerez jamais sur quoi s’est penché le chercheur Alex Wissner-Gross : La quantité de gaz à effet de serre émise par une recherche sur Google.
Eh! Oui, peu importe que vous tapiez « écologie » ou « histoires cochonnes », vous polluez.
Vous croyez être un pur et dur, un sans tache qui se « pète les bretelles »¹ en calculant son empreinte écologique, et bien vous voilà culpabilisé. Vous dégagez … peut-être 1 à 10 gr de CO² à chaque recherche que vous effectuez, et ne comptez pas sur moi pour vous en faire la démonstration.
Supposons maintenant que tout en navigant vous en « grillez une » comme ça pour vous détendre, alors là, je ne vous dis pas, hein! Vous devenez un paria de la société, indigne d’habiter sur la planète bleue.
Un autre éminent chercheur tente de prouver que la fumée « tertiaire », celle imprégnant les matières absorbantes, peut être néfaste pour les enfants. Qui voudrait tuer un enfant?
Nous savions déjà que la fumée primaire (celle que le fumeur inhale) est parfois mortel, que la fumée secondaire (celle qui provient du fumeur-tueur) peut nuire à son entourage, voilà maintenant que la fumée « tertiaire » (empreinte indélébile du poison sur votre fauteuil) peut rendre gravement malade le chérubin. Je parie que dans peu de temps, il y aura bien la quaternaire (celle de l’objet qui a touché à l’objet contaminé).
Si le fumeur ne meurt pas de fumer, il crèvera bien de honte et de culpabilité.
Dans cette société à la morale culpabilisante, y pas à dire, sans vertu, vivre c’est risquer d’en mourir.
Oui, la vertu me tue … à petit feu.
¹ Si je glisse ici quelques expressions québécoises, c’est que des chercheurs se penchent présentement sur la norme linguistique que l’État québécois devrait choisir comme modèle pour la langue de l’administration et de l’enseignement, soit le « français standard international » ou le « français québécois standard ». Je ne voudrais pas que, suite à toutes ces recherches, de jolies expressions du terroir se perdent dans les laboratoires. Tout de go, je vous le dis, j’opte pour le français standard international. Mais, voyant venir les débats interminables, les commissions d’enquête, les tables rondes, les livres blancs, bleus ou bleu-blanc-rouge, je me dis qu’ « on n’est pas sorti du bois ».