Les scies n’aiment pas les raies
Le titre a été proposé par Blogue l’Éponge au Jeu des titres.
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Si les scies n’aiment pas les raies, à quoi peuvent bien servir ces scies si ce n’est pour faire des raies ? Vous devinez que le problème sera de taille aujourd’hui. Cette phrase sans sens ne sert en effet que de moyen mnémotechnique pour apprendre aux enfants une règle de grammaire. Mais voilà que je me sens prise entre le marteau et l’enclume. Devrais-je vous entretenir de la langue française, du « bon parler » ou de menuiserie pour respecter le titre proposé? Pour tout vous dire, la question qui m’agace depuis quelque temps est la suivante : Serait-ce préférable que les politiciens mettent la scie dans la langue de bois? Cette question me turlupine depuis la date fatidique du 2 février où, en entendant un politicien être à tu et à toi avec son invité à l’occasion d’une rencontre protocolaire, j’ai été littéralement sciée. J’ai toujours été de celle qui abhorrait la langue de la diplomatie et la rectitude politique, mais je me demande maintenant si je ne suis pas un peu vieux jeu en prônant un langage policé. Imaginons une rencontre protocolaire (situation fictive), où l’on raie toute formule de politesse. Le premier ministre du Québec, Jean Charest (prononcer raie) reçoit le président de la France, Nicolas Sarkozy à l’occasion des fêtes du 400ème anniversaire de la ville de Québec. Pour lui témoigner sa reconnaissance, il lui remet la médaille de la Bravoure. La conversation va comme suit : J.C.. : Mon cher Nico, tu peux pas savoir comme je suis content que tu te sois pointé à Québec aujourd’hui. Au nom de tous tes frères québécois, je te remercie mon vieux. N.S. : Écoute vieille branche, j’ai un horaire assez chargé par les temps qui courent, il va falloir faire court, j’pourrai pas rester longtemps. C’est pas que je te déteste, hein, mais j’ai plein d’mecs à rencontrer. J.C. : Ah ! bon. Si j’comprends bien, t’as d’autres chats à fouetter, tu moisiras pas ici. N.S. : T’as tout compris camarade. Mais putain, c’est la galère ce job ! J’suis jamais à la maison et Carla s’ennuie. J.C. : Amène ta femme la prochaine fois. On enverra nos pitounes magasiner en ville pendant qu’on travaille. N.S. : Dac. Là, je te laisse j’ai des vieux potes à rencontrer à Montréal et il faut absolument que je passe à Ottawa voir mon ami Stef. Il parait qu’avec la crise économique il a la plotte à terre. Bon, c’est plutôt sympathique comme conversation, on ne peut pas dire que le discours est ampoulé. Mais, tout de même, si on y mettait un peu plus de décorum. J’ai une petite nostalgie du protocole. Pas vous ?