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Anarchiquement vôtre
24 mars 2009

Plaisirs et douleurs de l'enfantement

Depuis quelques semaines dans la communauté bloguesque il n’y en a que pour les mères : la Banlieusarde, la Dr maman, l’Indigne, la « Gaga mais avertie », et ça rivalise comme ça, de titres rocambolesques en recettes de cuisine, de biberons en mots d’enfants. Elles sont de Montréal, de Paris en passant par les banlieues pour aller danser jusqu’au pont d’Avignon.

Pour ne pas être en reste, j’ai décidé moi aussi de causer maternité.

Parlons donc du rejeton qu’il faut d’abord concevoir par un soir de pleine lune ou au petit matin brumeux.

Dans un moment d’euphorie on se dit : Créons, reproduisons-nous.

Moment exquis que cet éclair de génie.

Mais porter l’enfant à terme n’est pas une mince affaire. Pendant qu’il se façonne, on s’interroge, on l’imagine, on veut tout mettre en œuvre pour en faire un chef-d’œuvre. On le nourrit de jolis mots, on le berce de quelques notes de musique et si ça se trouve, on l’amènerait bien au musée pour mettre un peu de couleurs dans sa vie à venir.

On investit sans lésiner, espérant un Mozart, un Baudelaire ou un Picasso.

Puis quand l’enfant paraît on se réjouit, oubliant à quel point l’accouchement a pu être difficile.

Lorsqu’il est là sous nos yeux, reste encore à parachever le prodige, à peaufiner l’objet de création.

Vous croyez que c’est facile, vous, de mettre au monde … un texte, un poème, une nouvelle? Vous pensez que de commenter un fait d’actualité est quelque chose qui coule de source?

Et bien non. Pour moi, c’est un défi que d’alimenter ce blogue, d’écrire régulièrement un billet, de trouver un sujet, de le traiter pour qu’il suscite un certain intérêt, pour qu’il fasse rire, sourire ou à tout le moins qu’il éveille l’émotion.

Bien que l’enfant soit parfois nourri de musique ou de toiles de grands maîtres, il ne devient pas pour autant un génie.

Et si le texte ici est soutenu par une œuvre musicale ou un montage photographique, l’écriture, elle, n’est qu’en partie spontanée. Elle est surtout travaillée pour trouver le rythme, le mot juste, la phrase qui tiendra le lecteur captif, qui soutiendra l’attention jusqu’à la chute.

Malgré tous les soins que je prodigue au « marmot», il m’arrive de constater, au moment de le présenter à la face du monde, qu’il a les oreilles en chou-fleur et que, bien qu’il gazouille, il manque étrangement de vocabulaire.

La mère, je vous le dis, est un être qui ne compte pas son temps et qui s’essouffle aussi de temps en temps. S’occuper d’une marmaille épuise la génitrice qui doit enfanter tantôt dans le plaisir, tantôt dans la douleur.

N’allez pas croire que je renonce à créer. L’aventure me passionne encore. Il y a juste des enfants qui sont plus difficiles à mettre au monde que d’autres.

Tiens, il fait beau aujourd’hui, je crois que je vais aller écrire sur la terrasse.

Mais j’entends les mots d’une enfant très futée.

-         Maman, tu veux écrire sur la terrasse?

-         Oui. ma chérie.

-         Mais tu peux pas, voyons, tu vas la salir avec les craies.

Ce que c’est chouette les mots d’enfants.


dessinA

Montage : photos M. Gingras et Caboche

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Commentaires
R
Oui, Caboche, de tels petits miracles peuvent se produire dans le monde virtuel ! :-)<br /> <br /> En passant, toi et moi sommes fort probablement rayonnantes de santé ! :-)
C
@ Rosie<br /> Qui m’aurait dit que j’avais une jumelle virtuelle? Je crois aussi que nous sommes chanceuses d’être capables d’exprimer nos émotions, c’est une question de personnalité ou d’éducation peut-être. En tout cas, c’est bon pour la santé.
R
Oui, Caboche, je pleure quand je vais au cinéma et que le film est triste, et je ris quand un humoriste fait des siennes. Cependant, je pleure également devant la beauté d'un coucher ou d'un lever de soleil, l'élégance d'un vol d'outardes dans l'immensité d'un ciel infini, la fierté ue m'inspire ma fille quand elle donne un spectacle de danse ou la fragilité d'un papillon qui attend patiemment que je le prenne en photo. Je ris aux éclats quand ma fille me raconte les histoires de coulisses, quand les enfants de la rue où j'habite jouent à MarcoPolo dans la piscine du voisin, quand mes chats et ma chienne roulent dans l'herbe fraîche du jardin ou quand mon conjoint sort son humour à l'américaine.<br /> <br /> À mon humble avis, les émotions, ça ne se contrôle absolument pas. Et je crois aussi que lorsque nous pouvons les exprimer librement, nous sommes parmi les chanceux et les chanceuses qui vivent une vie des plus merveilleuses qui soient.
C
@ Zed<br /> <br /> On dira qu’il ne se passe pas de belles choses sur le Web? Allons donc, je prends la poudre d’escampette et une amie virtuelle s’occupe à m’écrire de jolis commentaires et prend même la relève pour répondre au lecteur. C’est pas merveilleux ça?<br /> Si les « marraines … d’allaitement » n’existaient pas, il faudrait les inventer. <br /> Bonne journée, Zed.<br /> <br /> @ Rosie<br /> <br /> Tu pleures, toi, au cinéma lorsque le film est triste???? Moi aussi, à vrai dire, j’évite même d’aller voir des mélodrames, pour ne pas déranger les spectateurs avec mes sanglots.<br /> Tu ris, toi, lorsque tu écoutes un humoriste??? Moi aussi, je ris aux éclats, mais je ne prive pas d’assister à un bon spectacle d’humour tout de même.<br /> Ta sensibilité me touche aussi. Qu’est-ce qu’on va faire de nos émotions, bon dieu!<br /> @ Jo<br /> <br /> Pousse, tire, force pas, respire … je te suis, ne te comprends pas toujours, mais c’est pas grave. Le printemps quand c’est pas le printemps, que c’est sale et que ça pue, t’as bien raison, c’est pas facile.<br /> <br /> @ Omo-Erectus<br /> <br /> Faire un enfant … sujet inépuisable et épuisant. Mais « plus le temps avance », plus il faut faire vite, « plus ils se multiplient », plus ça « se bouscule » dans la chaumière.<br /> <br /> @ Blogue l'Éponge<br /> <br /> Quand le disque dur lâche, aussi bien dire que la matière grise en arrache. <br /> Le rôle du père ? Je te conseille d'aller faire un tour au "Salon de la paternité", ils doivent tout expliquer ça: changer les couches, donner le biberon, dormir d'un sommeil léger pour entendre les pleurs du poupon bien-aimé ...
B
Eh non! Je ne suis pas (encore!) virtuellement mort! C'est mon disque dur qui m'a lâché, me condamnant à glâner quelques minutes d'internet à des endroits plus ou moins incongrus!<br /> <br /> Bon, trève d'autoappitoiement, il faut que j'en garde pour mon propre blogue!<br /> <br /> <br /> Caboche, comme toujours, ce billet est à la fois drôle, touchant et fort véridique! Quoique j'aimerais bien t'entendre sur le rôle du père dans tout ce processus! ;)
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