Cachez ce nombre qui dévoile votre ride.
Ce billet sera le dernier ………... dans la catégorie « Jeu des titres ». L’explication est par ici.
Petite princesse : Mamie, t’as des p’tits plis autour des yeux quand tu ris. (silence – elle regarde). Ça fait des rayons de soleil.
Mamie plissant les yeux : Ça doit être parce que j’ai beaucoup ri que le soleil a décidé de décorer mes yeux. Les petits plis, ça s’appelle des ridules.
Petite princesse : Maman, maman! Tu sais Mamie quand elle rit, elle a des ridicules autour de ses yeux.
En passant devant la glace, Catherine jette un regard furtif. Elle s’arrête et replace une mèche de cheveux, essaie de camoufler ceux qui ont blanchi un peu.
Il n’était pas nécessaire que Petite princesse lui fasse remarquer que des rides s’amusent à décorer ses yeux. Elle les a vus depuis longtemps tous ces plis qui sillonnent son front et qui creusent à qui mieux-mieux des sillons. Ils se sont multipliés au fil des ans, suivant les rires, les pleurs, les déchirements.
Chaque ride a sa petite histoire.
Les filiformes, les toutes menues lui parlent des événements heureux, des jours nombreux où elle a ri à en plisser les yeux.
Mais celles qui ont creusé de profonds sillons ne lui permettent pas d’oublier. C’est l’empreinte des coups durs, des séparations, des inquiétudes, des blessures.
Celles-là, il lui est impossible de les maquiller. Même à coups de truelle elle n’arriverait pas à les estomper.
Ah! Elle a bien pensé à un ravalement de façade qui lui donnerait un petit air de jeunesse. Mais à quoi serviraient tous ces fards, simulacres d’une vie qui n’est pas la sienne.
Ce visage un peu froissé, il est sa mémoire, le souvenir d’avoir parfois trop aimé.
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Pourquoi alors effacer les traces laissées par tant de chemins parcourus?
Les rides sont là, elles y resteront.
Un brin de vanité lui dit tout de même qu’elle doit cacher ce nombre qui dévoile ses ridules.
Mais pourquoi craindre le ridicule? Elle sait bien qu’un jour, la peau se couvrira de fines craquelures et qu’inexorablement, tout finira par tomber mollement. Elle affichera alors fièrement une bonne gueule d’épagneul.
Moi qui n’ai jamais pu me faire à mon visage
Que m’importe traîner dans la clarté des cieux
Les couleurs les traits et les taches de l’âge
Mais lire les journaux demande d’autres yeux.
Comment courir avec ce cœur qui bat trop vite
Que s'est-il donc passé La vie et je suis vieux …
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Lettre d’un vieux guerrier - Dan Bigras, Ginette Reno