Ça sent bon … la tourtière
Une odeur, une chanson, un parfum, une couleur, et le passé resurgit.
Avec lui, un tourbillon de souvenirs heureux ou malheureux tout à coup nous habitent.
En écrivant le titre de ce billet, j’ai pensé à cette vieille chanson française, La Charlotte prie Notre-Dame : « Oh ! que ça sent bon l'boudin grillé ... »
Enfant, la veille de Noël, lorsque cette chanson jouait à la radio entre Le petit renne au nez rouge et Mon beau sapin, ça m’attristait, je pleurais. Je ne comprenais pas tous les mots, et j’imaginais une enfant abandonnée dans le froid de l’hiver, qui grelottait, qui n’avait rien à manger. J’étais certaine qu’elle existait La Charlotte et j’aurais voulu que quelqu’un s’en occupe, qu’elle n’ait pas froid aux pieds, qu’elle mange à sa faim. J’aurais tellement aimé qu’elle ait un toit, des vêtements chauds et … du boudin grillé.
Ma mère me consolait, elle me disait : on ne l’écoutera plus cette chanson, ma chouette.
J’avais de la chance, moi.
Quel âge avais-je à ce moment? Six ans, sept ans, huit ans?
Je possédais peu de jouets, nous n’étions pas très riche, mais j’avais tant à la fois : un toit, trois repas par jour, ce qu’il fallait pour grandir, pour jouer, pour m’épanouir, et tant et tant d’amour.
Le temps a passé, je n’ai pas beaucoup changé.
J’ai encore un toit, un peu plus que ce qu’il me faut pour jouer et m’épanouir. Je reçois encore beaucoup d’amour, assez pour en donner. Et je pense aux Charlottes de ce monde.
Comme c’est curieux ce mélange de joie et de tristesse qui m’habite toujours à cette période de l’année. Tous ces souvenirs qui se bousculent dans ma tête.
Pendant qu’on nous bombarde de messages de paix et d’amour, il y a toujours la guerre, la misère, les querelles petites et grandes, et plein de Charlottes qui ont froid, qui ont faim, qui ont peur et qui prient pour qu’on les sorte de leur enfer.
Je ne sais pas si c’est inconvenant d’écrire ce genre d’histoire aujourd’hui.
Peut-être aurais-je dû vous parler de la féerie de Noël, des lumières qui scintillent dans le sapin, des lutins et des petits bonhommes de neige que j’y ai accrochés pour que mes petits-enfants s’émerveillent et engrangent plein de beaux souvenirs.
J’aurais pu vous causer de tourtières, de ragoûts et de gâteaux qui embaument la maison.
Du Père Noël qui viendra manger les biscuits avant de déposer les cadeaux des enfants.
Je ne sais pas … s’il faut croire au Père Noël, d’autant que je viens d’apprendre que le bonhomme joufflu au ventre rond « promeut peut-être le message qu’obésité est synonyme de bonne humeur et de jovialité ». Ah! le vilain!
Histoire de vous faire sourire, je vous propose d’écouter 23 décembre du groupe Beau Dommage. (On n’écoutera pas La Charlotte, mes chéris) Pour les cousins français qui passent par ici, voici les paroles de la chanson, au cas où quelques mots vous auraient échappé.
J'ai dans la tête un vieux sapin, une crèche en d'ssous
Un Saint-Joseph avec une canne en caoutchouc
Était mal faite pis j'avais fret (froid)
Quand je r'venais d'passer trois heures dans un igloo
Qu'on avait fait, deux ou trois gars, chez Guy Rondou
J'ai d'vant les yeux, quand j'suis heureux, une sorte de jeu
Qu'on avait eu une sorte de grange avec des bœufs
La même année où j'ai passé
Le temps des fêtes avec su'a tête une tuque d'hockey
Parce que j'voulais me faire passer pour Doug Harvey
{Refrain :}
23 décembre, Joyeux Noël, Monsieur Côté
Salut ti-cul, on se r'verra, le sept janvier
J'ai sur le cœur un jour de l'an où mes parents
Pensant bien faire, m'avaient habillé en communiant
Chez ma grand-mère c'était mon père
Qui s'déguisait en Père-Noël pour faire accroire
Que les cadeaux ça v'nait pas tout de Dupuis Frères
{Au refrain}
Ça m'tente des fois d'aller la voir pis d'y parler
Fée des étoiles, j'peux-tu avoir un autre hockey ?
J'ai perdu l'mien, beau sans-dessein
J'l'ai échangé contre des photos où on voit rien
Une fille de dos qui s'cache les fesses avec les mains
{Au refrain} x2