Fouille-moi
Non, mais qu’est-ce que c’est que ce titre provocateur à souhait?
Où vais-je avec cette histoire?
Fouille-moi, je n’en ai aucune idée.
Et si j’allais à l’aéroport?
Histoire de me faire peur un peu, ou de me faire rire, ou de me mettre en colère, ou de provoquer meeessieur l’inspecteur de la dangerosité publique.
Si je partais quelque part et que je devais prendre l’avion, je ferais un show.
Trop pudique pour me présenter toute nue, je provoquerais le voyeur à la fouille en utilisant le système multicouche, (c’est la meilleur façon de rester au chaud et au sec lorsqu’on fait une activité sportive). Et j’aime autant vous dire que prendre l’avion par les temps qui courent, c’est du sport.
J’imagine la séance d’effeuillage :
J’enlève mes mitaines et puis mes gants.
Je retire ma tuque et mon turban.
Je dézippe l’anorak, me débarrasse d’un gilet, d’un chandail, d’une laine polaire, de mon chemisier, d’un débardeur, et de mon soutien-gorge.
- Dois-je enlever ma petite chaîne au cou, meessieur?
- Ça ira, qu’il répond, en s’impatientant.
- Je continue, alors?
- Faites.
J’enlève mes bottes et mes deux paires de chaussettes.
Je détache mon pantalon imper que je laisse tomber au sol.
Reste à me départir de mon pantalon en Gore-tex, de mon collant thermal, et d’une petite culotte.
- Dois-je enlever le string, meesieur?
- Hum! … Je consulte et je reviens.
Il est revenu avec son supérieur.
- Ça va aller, vous pouvez vous rhabiller, qu’il dit.
- Au suivant.
Pendant que je remettais mon multicouche, j’ai entendu le supérieur, un monsieur très distingué, dire à l’inspecteur-voyeur de la sécurité :
«Pas mal pour son âge, mais fouille-moi où elle est allée chercher cette idée de s’habiller si chaudement pour aller en vacances aux îles Caïmans.
Cette histoire ne risque pas de m’arriver. Pourquoi fouillerait-on une femme blanche, sans barbe, d’un âge respectable, réservée, délicate, sans malice, portant un joli prénom français et venant d’un pays chrétien et pacifiste?
Mais fouille-moi où le président Obama est allé chercher l’idée de faire des fouilles ciblées dans les aéroports en fonctions des pays d’origine des voyageurs, lui qui prônait, il n’y a pas très longtemps une politique d’ouverture et de main tendue.
Jusqu’où doit-on aller pour satisfaire la droite américaine et calmer la peur qu’on a soi-même générée? Je n’en sais rien.