Je me meurs
Mettons cartes sur table, je ne suis pas une « minus », mais je suis si minuscule, si petite qu’on ne me voit presque plus. Certains scientifiques affirment même que je ne suis pas loin d’être en voie d’extinction.
Je vous raconte rapidement mon histoire.
Moi, ce que j’aime c’est patauger dans la mare. Je suis plutôt timide, n’occupe pas beaucoup d’espace et ne fait pas de bruit. Au printemps, lorsque la neige est presque fondue, je sors mon plus beau chant pour charmer « les belles » et nous batifolons dans l’étang. Nous aimons faire des familles nombreuses, ça ne nous fait pas peur. Je suis québécoise.
Si je vous raconte tout ça aujourd’hui, c’est pour vous dire que lorsqu’on mesure à peine 3 cm, qu’on n’est pas plus grosse qu’un trente sous, eh! bien, autant vous dire qu’on ne fait pas le poids face aux gros promoteurs immobiliers et qu’on ne pèse pas lourd dans les décisions que prennent les gouvernements. Voilà bien mon problème.
Mon habitat est menacé. Autour des grandes villes, on ne cesse de construire de plus en plus de maisons en faisant fi de mes habitats naturels. Alors, très bientôt, je n’aurai plus de place pour vivre et me reproduire.
Je vous dis ça aujourd’hui parce qu’il paraît que c’est le jour de la terre.
Bon, je sais, vous vous dites : on n’en a rien à cirer des grenouilles. Vous ne le criez pas sur les toits, ce serait mal vu, mais dans votre for intérieur vous le pensez tout de même.
Écoutez-moi un peu avant que je ne disparaisse … et qui sait, que je vous amène avec moi.
Signé : Rainette Faux-grillon