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Anarchiquement vôtre
3 octobre 2013

De l’utilisation d’un drapeau

voile

 

Lettre à Rachida.

Depuis quelques temps, tu prends la parole à la télé, à la radio, dans les journaux et je t’entends parler de liberté, je t’entends dire haut et fort que tu veux qu’on te comprenne et qu’on te respecte, mais qu’en est-il de la compréhension et du respect que tu as pour ces femmes québécoises qui ont mené tant de batailles avant toi pour obtenir cette liberté et cette égalité dont tu parles et que tu revendiques?

Je t’ai vue défiler, sourire aux lèvres, le drapeau du Québec te servant de voile. Est-ce nécessaire de te dire que je n’ai pas trouvé ça mignon. Tu n’es pas sans savoir qu’un drapeau véhicule une charge émotive, et un voile aussi d’ailleurs!

 

voile2

 

Tu connais sûrement l’histoire du voile mieux que moi, mais connais-tu l’histoire du Québec, celle des luttes que les Québécoises ont menées au fil des ans?

Tiens, voici quelques dates qui me viennent en tête.

En 1931 elles revendiquaient le droit d’avoir plein autorité sur leur salaire personnel.

En 1940 le droit de voter

En 1941 le droit à la pratique juridique qui permettait l’accès au Barreau.

En 1945 le droit aux allocations familiales distribuées aux mères. – Le clergé insistait pour qu’elles soient distribuées au père chef de famille.-

Avant 1964, la femme mariée ne pouvait se défendre en justice, devait prendre la nationalité imposée par son mari, devait se plier au choix du domicile par son mari, ne pouvait exercer une profession différente du mari, était responsables des dettes de son mari (non réciproque) …..

Ouf! Je me suis mariée quelques années plus tard. Je l’ai échappée belle, n’est-ce pas? Bien que …  nous n’avions pas encore accès au mariage civil (1968). Hum!

Cette même année (1964), une réforme a permis aux femmes un véritable accès aux études postsecondaires.

 Quelle chance tu as d’avoir le droit de fréquenter l’université et ce dans n’importe laquelle des facultés!

Et ça se poursuit, 1973 égalité juridique des époux, 1975 interdiction de discrimination basée sur le sexe, 1981 droit des femmes mariées à conserver leur nom, 1989 loi du patrimoine, 1995 politique d’intervention en matière de violence conjugale.

 

Vois-tu, le Québec a été longtemps dirigé par le clergé. Les premières revendications pour une séparation stricte de l’Église et de l’État remontent au Temps des Patriotes en 1837-38.

Cette laïcité toute neuve de l’État nous est chère, elle a été difficilement acquise, cette quête de l’égalité entre les sexes est un long processus qui n’est pas encore terminé.

Mais le peuple québécois est patient et bien conciliant, il n’aime pas la chicane. Ça je crois que tu le sais. Mais il ne faut pas en abuser. Je sais aussi que ce n’est pas toutes tes coreligionnaires qui endossent tes propos ou qui appuient tes revendications.

Tu dis que tu aimes vivre au Québec, tu ne cesses de répéter comme tu es bien ici, comme tu es québécoise, alors je me pose  la question: Est-ce que tes revendications reflètent les valeurs québécoises?

Ma mère, qui était une fervente patriote, convaincue qu’il fallait se tenir debout et  défendre notre langue et nos valeurs me disait qu’on ne peut pas « avoir le beurre et l’argent du beurre ». ;-) 

Y a des mots et des images qui  portent à réflexion.

 

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Commentaires
C
@ Canneberge14<br /> <br /> <br /> <br /> Comme vous le dites, « le sujet est complexe, émotif et parfois tendancieux ». Si certains s’en servent pour tenir des propos racistes, voire même haineux, c’est malheureux. Mais je crois qu’il faut continuer à réfléchir et à débattre du sujet. Je ne me rallie pas aux gens qui amènent comme argument qu’on en a assez parlé ou que le sujet divise le Québec. Ce n’est pas en poussant la poussière sous le tapis qu’on règlera les problèmes. <br /> <br /> On peut débattre dans le respect des personnes La réflexion nous permet d’avancer en autant qu’on écoute ce que les gens ont à dire. On a beaucoup négligé dans les écoles d’enseigner aux jeunes à penser par eux-mêmes. Tout n’est pas noir ou blanc, il n’y a pas juste une bonne ou une mauvaise réponse.<br /> <br /> Nous vivons dans une société qui permet aux gens de s’exprimer. Nous devrions en être fiers.<br /> <br /> On ne peut pas avoir comme sujet de discussion que le hockey ou la télé tout de même, il faut parfois élever un peu le niveau de la pensée. ;-)
C
Bonsoir Caboche,<br /> <br /> <br /> <br /> Votre réflexion et votre quête de sens alimentent bien la position que je tente de prendre dans le débat actuel. Je dis je "tente" de prendre, car le sujet est complexe, émotif et parfois tendancieux. <br /> <br /> <br /> <br /> Ces évènements que vous relatez qui ont conduit et conduisent encore à légalité entre les sexes et à la laïcité de l'État nous rappellent les luttes épiques desquelles nous sommes faits.<br /> <br /> <br /> <br /> "Est-ce que tes revendications reflètent les valeurs québécoises?" Une bonne question.<br /> <br /> <br /> <br /> Je demande souvent à différentes personnes si, dans leur milieu de vie, on réfléchit, on débat, on partage, on prend position sur une Charte possible sur la laïcité ou sur les valeurs québécoises...La réponse est souvent non. On en a assez entendu parler disent-elles. Pour ma part, il me semble qu'on commence à en parler. Alors continuons le débat.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce pertinent billet.
Z
Tu vois comme la question est complexe? C'est comme pour le crucifix, certains l'ont déjà vu comme faisant partie de notre histoire et de notre patrimoine et ont voulu le dénuer de sa signification religieuse et politique. Je me dis que c'est sans doute pareil pour le hijab. On passe par des jolies filles qui le considèrent comme un accessoire mode très tendance pour le passer à l'eau de javel, ces femmes revendiquent la liberté de le porter même dans nos institutions publiques alors que leur mère (dans certains cas) ont tout fait pour s'en affranchir à cause de tout ce qu'il représentait pour elles. <br /> <br /> <br /> <br /> C'est pourquoi je dis que l'interdire par la loi est risqué, il y a tant d'opinions différentes irréconciliables, même au sein d'une même famille, d'une même communauté. <br /> <br /> <br /> <br /> Déjà, si on pouvait partir du consensus le plus large, la laïcité de l'état à 100 %, ça veut dire sans crucifix, on aurait un bon pas de fait. <br /> <br /> <br /> <br /> La burqua, ça ne passe pas, pour des raisons évidentes. Mais le voile? Pourquoi toutes les discussions portent en majorité là-dessus? <br /> <br /> <br /> <br /> Bien sûr, depuis quelques semaines, on sent que l'opinion publique est manipulée à qui mieux mieux.
C
@ Zoreilles<br /> <br /> <br /> <br /> Ben coudon, si c’est tendance, j’vais changer mon capot d’bord. <br /> <br /> Alors, si je comprends bien, on a tout faux pour ce qui est de la signification de ce bout de tissu. Ce serait un accessoire de mode qui embellit la femme. C’est un peu ce que j’avais remarqué lorsque j’ai vu la jeune musulmane à la télé, très maquillée, un percing dans le nez et coiffée d’un voile très coloré qui ressemblait davantage à un joli chapeau. Mais elle a dit qu’elle portait cette coiffure …… par pudeur. En tout cas, elle a sûrement intégré quelques valeurs nord-américaines.<br /> <br /> <br /> <br /> On n’est pas sorti du bois. Je pense même que la burqua serait un vêtement très utile chez toi en Abitibi pendant la saison des mouches noires.<br /> <br /> <br /> <br /> Moi, je viens d’hériter d’un casque en poil pour l’hiver, il est en chat sauvage, penses-tu que c’est trop ostentatoire pour le porter à l’ouvrage?<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce que ça se pourrait que certaines personnes nous manipulent un peu?
Z
Ta dernière phrase en réponse à Jacks me rejoint tellement. Est-ce qu'on doit obliger ces femmes à se départir de leur voile? Cela semble faire partie de leur identité et c'est toujours délicat d'interdire par une loi. <br /> <br /> <br /> <br /> Une amie très impliquée en politique et en sciences sociales me racontait que ces femmes venues d'ailleurs, celles qui ont notre âge, avaient laissé tomber le voile pour toutes les considérations qu'on connaît mais qu'elles avaient été sérieusement confrontées lorsque leurs filles s'étaient mises au hijab et qu'elles le considéraient même comme un accessoire mode, très tendance.
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