Histoire de langue
Depuis une semaine, je rends visite tous les jours à un chat. Sa maîtresse est partie en voyage et je dois le nourrir, changer sa litière, lui faire prendre l’air, le caresser et lui faire la conversation.
Tout se déroule assez bien hormis la conversation.
Je ne maîtrise pas très bien la langue de chat.
Mince alors!
Peu importe ce que je lui dis, il n’a qu’un mot à son vocabulaire : miaou.
J’ai pensé, je dois avoir une mauvaise langue puisqu’il ne comprend pas quand je lui parle.
J’ai essayé de me tourner la langue sept fois dans la bouche avant de lui parler, mais rien à faire.
C’est un vieux chat, il a seize ans, il doit être sourd.
Pas du tout. Il répond à son nom.
- Charlot, viens voir Caboche.
Il tourne la tête, approche lentement, me fixe avec ses grands yeux mélancoliques.
- Miaou.
J’ai essayé la langue des signes. Lorsqu’il me regarde, je tire la langue.
Il fait le gros dos et je l’entends me répondre.
- Miaou
Je désespère. Hier, la langue m’a fourché et je lui ai dit des gros mots.
- Vilain chat, réponds-moi quand je te parle.
- Miaou
Dans l’instant qui a suivi, j‘ai regretté mon coup de langue. J’ai essayé de lui faire comprendre que la langue m’avait fourché. Je ne voulais pas dire vilain mais, petit félin. Bof! Il est malin, j’ai bien senti qu’il ne me croyait pas.
C’est là que je me suis mordu la langue, je n’étais pas fière de moi.
J’ai essayé la flatterie.
- Charlot, tu sais que tu es un très beau chat. Tu es le plus beau matou que j’aie jamais rencontré.
- Miaou.
Ne comprenant rien à ce dialogue de sourd, j’allais donner ma langue au chat lorsque j’ai croisé sur le palier, la concierge de l’immeuble.
- Bonjour. Vous venez prendre soin du chat de madame Perez, qu’elle me dit?
- Oui. Il est vraiment très doux et très gentil. Mais il n’est pas causant.
- Ah! c’est que c’est un chat d’Espagne, il ne parle pas notre langue.