Toute bonne chose a une fin
Est-ce les vents froids de février ou un grand vent de folie, je ne sais trop ce qui me pousse aujourd’hui à vous raconter cette histoire un peu invraisemblable.
Depuis deux semaines j’héberge chez moi un très bon ami.
Enfin je devrais dire, je cohabite avec un étrange personnage qui m’appelle son Orchidée.
C’est chouette, non?
Inutile de vous dire que je suis sous le charme de mon nouveau coloc, plutôt pince-sans-rire avec un sens de l’humour impayable.
Alors voilà, je vous raconte un peu.
Mon ami vient du Vietnam, il y pratique la médecine Il est arrivé chez moi comme ça sans préavis connaissant mon sens de l’hospitalité.
Tous les soirs, il me parle de ses projets, des multiples aventures qui lui arrivent, mais surtout de médecine chinoise, d’herboristerie et de bonne bouffe.
C’est un gourmet gourmand alors du coup il est un peu rondelet mais il a vraiment une belle tête et une verve qui vous tient en haleine toute une soirée.
Ainsi, tout en bavardant, on sirote des thés fins et délicieux que son ami Thao lui apporte d’Orient : du gyokuro, du gabalong à l’arôme de réglisse et celui que je préfère, un thé rare du Fujian dont le cérémonial de préparation est plutôt spectaculaire. Lorsque le thé est bien infusé, un bouton d’amarante s’ouvre dans le liquide vert clair.
Mais à vrai dire ce qui m’amuse le plus ce sont les anecdotes qu’il me raconte sur les aléas du métier et particulièrement les frasques d’un patient, Xuan (nom fictif), un jeune homme tout en angles et en os saillants, aux doigts baladeurs, qui aiment les femmes enrobées et rêve de se perdre dans les replis molletonnés de ses conquêtes.
Tiens, je vous rapporte les mots de mon ami qui n’a pas son pareil pour raconter.
Xuan avait la figure engloutie dans la poitrine de Madame Mélisse, les joues calées entre deux globes d’une blancheur laiteuse et vivait un moment de pur bonheur. Il frémissait de joie à la vue de ce dos replet où son nez s’enfonçait à l’affût d’un parfum musqué…. Elle, se penchant vers lui, espérait qu’il effectue le périlleux mouvement du « hanneton soulevant une Citrouille »….
Bon, je m’arrête ici.
J’aimerais vous rapporter toutes ces histoires cocasses qu’il m’a racontées.
Je voudrais vous parler plus longuement de ce personnage original, excentrique, et haut en couleur qu’est l’ami avec qui j’ai partagé mes soirées depuis quelques temps.
Mais toute bonne chose a une fin. Hier, j’ai dû reconduire à la bibliothèque municipale cet ami volubile, enfin, le roman Les travers du Docteur Porc de Tran Nhut. Un roman goûteux, épicé, fait de personnages colorés, d’aventures rocambolesques où on parle de « meurtre par concupiscence », où des aveux sont rédigés avec un pinceau en poils de martre et où les acteurs passionnés se retrouvent parfois dans de drôles de positons (du coq en pâte au Gecko accroché à la Poutre). À vous maintenant d’inviter cet ami. Bonne lecture. Vous pouvez lire une critique intéressante par ici.