Logement à louer
Billet sans humour. Comment pourrais-je en rire?
La tradition veut qu’à Montréal, à compter du mois d’avril, les locataires annoncent leur intention de ne pas renouveler leur bail et de déménager le 1er juillet.
La section des petites annonces dans les journaux se remplit alors d’offres de logements à louer.
Et c’est à ce moment que, pour plusieurs locataires, le cauchemar commence.
Parce que pour se loger à Montréal il est préférable,
D’être blanc,
Québécois de souche,
De vivre seul ou en couple sans enfant,
De ne pas avoir d’animaux de compagnie,
De ne manger ni friture, poisson ou tout produit exotique dégageant une odeur autre que le sirop d’érable.
D’avoir un âge respectable,
D’écouter de la musique en sourdine,
D’avoir une « job steady »,
Et surtout d’avoir un bon dossier de crédit.
On peut donc lire dans les journaux des annonces telles que :
Ahuntsic, grand 5 ½, 2ème étage, non chauffé, près parc, école, centre d’achat, entrée lav./séch., pas d’animaux, non-fumeur, idéal pour dame seule retraitée. Références. $950. / mois. 514-xxx-xxxx
(Je ne l’ai pas inventé. Tant d’incohérence et de stupidité, ça ne s’invente pas!)
Non, ce n’est pas écrit qu’on ne loue pas aux immigrants, on le détectera à l’accent au moment de l’appel téléphonique, ni qu’on ne veut pas d’enfants (dans un 5 ½ ) qui vont déranger la quiétude du proprio qui habite en dessous.
Mais n’ayez crainte, on trouvera bien une façon de vous le faire savoir. « Vous n’êtes pas la première à vous présenter, madame. Ne rappelez pas on vous rappellera ».
Et si vous vivez du Bien-Ête social (BS), n’y pensez même pas, parce que pour ce qui est de vos ressources financières, on vous demandera un relevé de compte bancaire.
Finalement, avec une lettre de référence, le propriétaire ne courre plus aucun risque.
Devant l’injustice sociale et l’abus de pouvoir, je fulmine, « la boucane me sort par les oreilles ».
Et je n’arrive pas à départager la colère qui m’habite face à des petits bourgeois parvenus qui oublient parfois bien vite leur origine modeste, et la tristesse que je ressens en pensant aux familles qui se retrouveront à la rue le 1er juillet, meubles, cartons et effets personnels placés sur le trottoir, à la vue des passants, parce que sans logis.
Comment peut-on fermer les yeux?