L'attente en trois temps
Une fois l’an, il est recommandé de faire un bilan de santé. Je crois que cette recommandation vise surtout à tester notre capacité à s’adapter à un système de santé kafkaïen. C’est le test ultime qui mesure votre niveau de tolérance à l’absurde.
Étape 1 – Vous devez prendre rendez-vous avec votre médecin de famille (il faut en avoir un) pour qu’il vous prescrive les tests dont vous avez besoin. Cette étape se fait par téléphone sans trop d’attente à moins que la réceptionniste vous mette en attente et vous oublie. (Sans médecin de famille, impossible de prendre rendez-vous. Vous devez vous présenter dans une clinique dite « sans rendez-vous et attendre 3 heures).
Étape 2 – La consultation. Vous avez réussi à avoir un rendez-vous chez votre médecin 6 semaines plus tard à 15 heures. Vous vous présentez à son bureau à l’heure dite. La secrétaire vous dit qu’il y aura un peu d’attente. Le médecin voit présentement dans son bureau le patient qui était prévu pour 13h30. Vous sortez finalement de son bureau à 17 heures. Il lui a suffi que de 5 minutes pour remplir votre papier.
Étape 3 – Le centre de prélèvement. Vous pouvez vous présenter au centre de prélèvements un matin de votre choix entre 7 heures 30 et 11 heures, à jeun depuis la veille, avec votre prescription.
Y a-t-il une heure où il y a moins d’achalandage? Non.
Si vous choisissez l’option « très matinale » pour être en tête de liste, les portes ouvrent à 7 heures 30 mais vous devrez vous rendre à 6 heures trente puisque les habitués connaissent la musique. Vous attendrez donc 1 heure dehors au froid et au vent à - 15º C avec un vent de 30 km/h.
J’ai opté pour 9 heures. En entrant j’ai pris un ticket, une affiche mentionnait : « Après avoir pris un ticket, veuillez vous asseoir et attendez qu’on appelle votre numéro ». J’avais le no 77 et on appelait le 55.
En jetant un coup d’œil dans la salle, j’aperçois 3 personnes qui portent un masque. Je réalise que j’entre dans un milieu fortement contaminé, moi qui suis encore en parfaite santé. De plus, je ne peux suivre la consigne de m’asseoir puisqu’il n’y a aucun siège de libre.
Je fais donc les cent pas pendant une heure.
Lorsqu’on appelle mon numéro, je me présente à la réception, je remets ma prescription, la dame inscrit dessus no 77 et me dit de retourner m’asseoir jusqu’à ce qu’on m’appelle par mon nom.
À 11 heures 45 c’est à mon tour. L’infirmière me fait une prise de sang et je ressors de son bureau après 5 minutes. Je remercie le ciel qu’elle n’ait pas pris ma pression, elle m’aurait certainement hospitalisée. Et je ne vous dis pas le temps que ça aurait pris!