Histoire d'eau
Lorsque je suis descendue au sous-sol, j’ai remarqué qu’Elle pompait l’air.
Puis, il y avait ce bruit étrange qui émanait du ventre, un sifflement qui ne s’arrêtait pas.
Elle semblait à bout de souffle et n’arrivait plus à prendre son air.
Alors moi, je me suis affolée, et je me suis mise à pomper l’air à mon tour.
J’allais tout de même pas pour lui faire le bouche à bouche.
J’ai appelé un ami qui s’y connaissait en réanimation.
Après l’avoir tripotée, examinée de tout bord, tout côté, il m’a dit : « Ça me paraît évident, elle manque d’eau et ça l’essouffle ».
Alors, on s’est mis à creuser la question, il fallait aller à la source … du problème.
Et plus le temps passait, plus il y avait d’experts qui venaient se pencher sur la malade.
Après trois jours de tergiversations, c’est là que le sourcier s’est exclamé : « Y a pas à dire, c’est la pointe … de l’iceberg! Vu son grand âge, elle est sûrement rouillée, il faut la changer ».
Mais la pointe se cachait à 6 pieds, 12 pieds, 20 pieds sous terre.
Les ouvriers se sont mis à l’œuvre.
Dans un branle-bas de combat, ils ont fait venir la pépine, la pelle mécanique, ont installé les échafaudages, sorti les pelles, les chaînes et les treuils.
Le problème était profond, on sentait bien qu’on atteindrait le fond du baril.
Le Grand Manitou supervisait le chantier, on n’avait qu’à bien se tenir.
Sept jours ont passé. Et l’eau a jailli, comme un geyser, jusqu’à éclabousser la pompeuse qui nous avait inquiété.
Les experts étaient heureux.
« Voilà, dirent-ils, cette pompe devrait prendre son air de fête maintenant ».
Et bien, malgré la douche froide qui lui avait été infligée, elle pompait sans arrêt et n’arrivait toujours pas à retrouver son souffle.
Bon, elle y aspire, c’est sûr, mais, aujourd’hui, là comme je vous parle, elle souffre toujours de basse pression. On avance l’hypothèse qu’elle aurait le poumon encrassé.
Moi, je suis à bout de souffle et la pression, ben elle me monte dans la caboche et me sort par les oreilles.
Alors, je plie bagages et rentre à Montréal.