L'ours noir, mode d'emploi
Lieu : Parc National du Cap Tourmente
Août 2009
Ensoleillé 35° C.
Préposée à l’accueil : Bonjour, qu’est-ce que je peux faire pour vous?
La randonneuse : J’aimerais avoir une carte des sentiers de randonnée.
La préposée : Oui, certainement. Les niveaux de difficulté sont indiqués ici, ainsi que la distance et le temps approximatif pour faire le parcours des sentiers. Vous êtes seule?
La randonneuse : Oui.
La préposée : Vous êtes à l’aise avec l’ours noir?
La randonneuse : … …. !!!!! ????? ……. Sourire énigmatique ….. Décidément, cette préposée a le sens de l’humour. Devrais-je lui demander de reformuler la question ou de préciser s’il est vivant ou empaillé?
Euh! … Non, je ne suis pas à l’aise, pas du tout.
La préposé : Il y a plusieurs ours noirs sur la réserve. Si vous en rencontrez un, voici ce que vous devez faire : Ne fixez pas l’animal dans les yeux, faites du bruit, agitez les bras, reculez sans jamais quitter l’animal des yeux. Lorsque l’animal s’éloigne de vous, vous pouvez poursuivre votre route ou rebrousser chemin.
La randonneuse : Vous croyez que je peux aller marcher seule?
La préposée : Oui. Plusieurs personnes en voient fréquemment mais il n’y a jamais eu d’accidents. Pour être plus à l’aise vous pouvez porter un grelot comme celui-ci. On en vend au kiosque à l’entrée des sentiers.
Je me procure un grelot et me résigne à accroche à ma ceinture l’accessoire indispensable au marcheur solitaire.
La trousse de survie fait un bruit d’enfer qui réveillerait sûrement un ours en hiver.
J’emprunte le sentier au bas de la falaise, juste à l’orée du bois. Sous aucune considération j’entrerai en forêt.
Sous un soleil de plomb, je marche sous tension, sans entendre évidemment le moindre chant d’oiseau.
Les cerisiers sauvages sont nombreux tout le long du chemin, les excréments d’ours aussi.
Un cerisier, un petit tas et ça n’en finit pas. De toute évidence j’ai pris la mauvaise décision.
Après une heure de marche, je sue à grosses gouttes et je me sens un peu vache. Y a rien à faire, j’ai les grelots, alors je rebrousse chemin et rentre au bercail.
Je n’ai rencontré aucun animal, mais j’ai vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Oui, oui, Il me l’a dit, l’ours n’était pas loin derrière un cerisier……