Rêve prémonitoire
Avant d’aller dormir Il m’arrive d’avoir « un petit creux ». Ce soir-là, pour combler ma faim j’avais avalé un croûton de pain et quelques tranches de rôti de porc à l’ail.
J’aurais pas dû.
Ma nuit fut plutôt agité. À peine tomber dans les bras de Morphée, je faisais un rêve étrange.
J’arpente les rues de Montréal. Il fait sombre. Par mesure d’économie, on n’a allumé qu’un réverbère sur deux.
De peur d’être attaquée par des gangs de rue, j’essaie de presser le pas. Mais j’avance péniblement. Dans ce quartier branché de la métropole, on déneige parcimonieusement, jamais à moins de 15 cm de neige, et on s’abstient les week-ends. Récession oblige.
Près de la bouche de métro, un jeune sans abri cherche à se réchauffer. Les gens circulent sans le remarquer.
À quelques mètres de là, sous un viaduc, une conduite d’eau s’est fissurée sous la pression du gel. Une voiture qui s’y était engagé, a dû s’immobiliser.
Au loin, j’entends le bruit des sirènes.
Dans un passage, entre deux édifices délabrés, j’aperçois deux rats qui filent à toute allure.
Je n’ai plus qu’une seule idée en tête, fuir.
Je dois coûte que coûte quitter cette ville, sortir de l’île.
Mais comment faire lorsque tous les ponts sont en ruine. Certains sont fermés, plusieurs sont en état de décrépitude avancée et quelques-uns se sont déjà effondrés.
Je nage en plein drame.
Je veux crier mon désarroi mais aucun son ne sort de ma bouche.
C’est à ce moment que le chien de la voisine me réveille par ses aboiements. Il fixe un rat mort au pied de l’escalier.
Ça ne rime à rien
Hé! Montréal,
Que deviens-tu?
Tu vieillis mal.
T’es mal foutue.
Au beau milieu du St-Laurent.
Voilà qu’tu pars à la dérive.
Par le passé, je t’aimais tant.
Mais aujourd’hui, t’as plus d’avenir.
Je vois l’exode des Montréalais,
Vider tes rues de ses enfants.
Tu essuieras un camouflet
Des voyageurs, en t’endormant.
« Dieu ce que t’as changé en … 10 ans
T’as rien pour inspirer l’amour. »
Ma ville, mon île, tu t'laisses aller.